Centre Hospitalier Psychiatrique de Thiaroye, en banlieue de Dakar. Noyé dans une surexposition, l’hôpital est le point de départ de ce cheminement à travers la maladie mentale au Sénégal. La porte, de ce qui ressemble plus à une cellule qu’à un lieu de soin, se referme dans un bruit sourd et nous sommes là, face aux patients, enfermés avec eux, dans ce lieu symbole de la pensée occidentale.
Le film, par un montage croisé, fait communiquer différentes manières de soigner la folie, d’interpréter le monde. Marabout animiste, exorciste musulman, catholique, médecin psychiatre ; la diversité des approches dessine une cartographie de l’histoire et des identités qui composent le pays.
Progressivement le titre du film s’incarne en un questionnement : que reste-t-il de la folie ? Que reste-t-il de ces comportements incontrôlables au regard des différentes manières de les comprendre et de les traiter. Que reste-t-il de la folie à part le reflet de l’absurdité de la guerre, de la colonisation, de la violence de la misère ? Des imaginaires affectés, sans doute, comme celui de ce vieil homme aux allures de peintre, céleste et silencieux, compagnon de la cinéaste Khady Sylla, qui nous dira sans nous regarder : «la folie n’existe pas ».