Mythologie d’une transformation
Tout se transforme, tout se métamorphose, rien ne se dissout : ni l’âme, ni les sentiments humains, ni la nature qui les abrite, ni les formes d’art qui les recueillent et les propagent « vers l’éternité, bien au-delà des astres », comme l’écrivait Ovide et comme on l’entend dans « Amours et Métamorphoses », la fiction documentaire de Yanira Yariv.
La réalisatrice franco-israélienne voyage en Italie, dans les campagnes immuables qui entourent sa capitale, pour y transporter certains des mythes racontés par les Métamorphoses d’Ovide et les muer en images. La transformation est un agent, un véritable principe, elle orchestre la transposition libre du texte latin aussi bien que la narration et ses acteurs. Des femmes et des hommes qui ont choisi de changer leur sexe, choisissent maintenant d’offrir leur histoire à la caméra – avec leurs sentiments et toute la palette de leurs indécisions – et Yanira Yariv alterne ces moments de vérité – interstices de vie réelle – à la réécriture de légendes ancestrales. Les personnages s’immiscent dans la forêt, une forêt à laquelle la réalisatrice restitue tout le pouvoir que lui donnèrent les contes de fée, pour y ré-imaginer et mettre en scène la rencontre entre Hermaphrodite et Salamacis, les aventures licencieuses de Jupiter, Glauco qui émergea de l’océan. Ces corps pasoliniens nous entrainent dans une errance hors du temps. Le temps d’un instant – d’une imperceptible condensation du passé et de son dépassement au travers des métamorphoses – ils nous parlent de la nature, et de ces hommes qui ont eu le courage d’en défier les règles pour s’en rapprocher davantage.