Camille Gendrault
Camille Gendrault est maître de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles à l’université Bordeaux Montaigne. Elle a été amenée à aborder à plusieurs reprises la notion de frontière dans le cadre de ses recherches et publications, consacrées en particulier au cinéma italien et aux représentations des espaces et paysages urbains ainsi que, plus récemment, aux questions interculturelles. Elle a collaboré à différents numéros de la revue Théorème et à plusieurs ouvrages collectifs, parmi lesquels : Transnational Cinema in Europe (Manuel Palacio et Jörg Türschmann, LIT Verlag, 2013), The Cinemas of Italian Migration. European and Transatlantic Narratives (Sabine Schrader et Daniel Winkler, Cambridge Scholars Publishing, 2013), Le Pittoresque (Odile Parsis-Barubé et Jean-Pierre Lethuillier, Garnier, 2012), Polyglot Cinema. Migration and Transcultural Narration in France, Italy, Portugal and Spain (Verena Berger et Miya Komori, LIT Verlag, 2011), CinémAction, « L’écran des frontières » (Andrea Grunert, 2010), Les Imaginaires de la ville (Gilles et Hélène Menegaldo, Presses Universitaires de Rennes, 2007).
Son intervention lors du 1er atelier du 13 au 15 juin à Prads (04) :
Frontières et cinéma documentaire
Si la frontière est par définition ce qui délimite et sépare les territoires de deux pays, elle est dans le même temps la ligne le long de laquelle ceux-ci se touchent, se côtoient. C’est pourquoi elle peut constituer le lieu par excellence des contacts et des échanges. N’est-ce pas là, précisément, ce qui caractérise la zone transfrontalière ?
Mais plus souvent qu’aux frontières qui se franchissent aisément ou du moins se montrent poreuses, le cinéma documentaire s’intéresse à celles qui ne remplissent pas leur fonction de passage et bloquent la circulation, manifestent repli et fermeture, forment des lignes de front. Dans quelle mesure et comment les films peuvent-ils alors ouvrir un jeu dans le face-à-face figé, ménager un espace d’entre-deux et de dialogue, faire bouger les lignes ?
Qu’ils se situent en Israël ou au Mexique, à Beyrouth ou à Belfast, qu’ils traversent la mer ou le désert, qu’ils soient récents ou plus anciens, les films qui seront considérés ici concernent la frontière entendue au sens premier et géopolitique du terme.
Comme on le sait, ce dernier est toutefois utilisé de façon courante, par extension, pour désigner des délimitations, des différences, voire des clivages de toutes sortes : on parle de frontières sociales, économiques, culturelles, linguistiques, de genre, de registre… Il s’agira dès lors d’envisager aussi, à partir de cette première approche, pourquoi cette notion trouve autant de prolongements et ce qu’elle permet de saisir, dans une perspective plus large, de ces questions telles que les aborde le cinéma documentaire.
Pistes bibliographiques :
Michel de Certeau, L’Invention du quotidien. 1. Arts de faire, Paris, Folio, coll. Folio Essais, 1990 (Chapitre IX, « Récits d’espace », p. 170-191).
Jean-Louis Comolli, Voir et pouvoir. L’innocence perdue : cinéma, télévision, fiction, documentaire, Paris, Verdier, 2004 (« “Entre nous”. La Moindre des choses, Nicolas Philibert », p. 634-647).
La Revue Documentaires n°19, « Palestine-Israël, territoires cinématographiques », Paris, 2005.
Marc Augé, Pour une anthropologie de la mobilité, Paris, Payot & Rivages, coll. Manuels, 2009.
Andrea Grunert (dir), CinémAction, « L’écran des frontières », Paris, Corlet, 2010, p. 73-79.
Jean-Marc Besse, Habiter. Un monde à mon image, Paris, Flammarion, 2013 (« Espacements », p. 40-66, « Sans racines », p. 199-225).